On peut avoir l'impression que toutes les nouvelles géométries de l'architecture débouchent fatalement sur une réflexion sur la forme. Fascinantes parce qu'inconnues auparavant, toutes ces nouvelles architectures ont tendance à se rejoindre sur cette idée d'une recherche d'une nouvelle esthétique. Pourtant, l'enjeu de cette nouvelle architecture, c'est précisément de déborder toute présupposition de la forme, toutes antériorité ou extériorité d'un principe de détermination, d'élaboration de celle-ci. En se repliant sur se propre capacité structurale, elle veut se démarquer d'une tradition architecturale qui a historiquement constitué son langage et sa syntaxe à partir de la représentation d'une normativité externe, d'une assignation rigide aux ordres. Dagmar Richter, de l'agence DR_D, (Design Research Development) habitué à manier les outils de conception numériques, porte un oeil critique intéressant vis à vis de la place de ces architectures dans le contexte historique. Une révolution a déjà eu lieu au début du XX siècle, caractérisée par la méthode employée et la grandeur de l'échelle utilisée (cf.Le Corbusier, Vers une architecture, Paris, 1923). La maison Dom-Ino en représenta l'icône. Système génialement simple, permettant un nouveau schéma de l'espace ; le plan libre, donc une adaptation du modèle à n'importe quel programme. Mais, note Dagmar Richter, la discipline architecturale ignora délibérément le défi que constituait la production de série. Elle resta par idéologie attachée à la fabrication sur commande, bien que sa pratique était tout autre. L'architecte se retrouvait décorateur d'une surface, dont la structure avait était définie par l'ingénieur. Et l'architecture se coupa d'elle-même d'une grande partie des productions ayant trait à l'espace. La culture architecturale qui en résulte après guerre s'appuyait fortement sur la présence physique du bâtiment en temps qu'objet lisible, unique. La lecture structurelle du matériau architectural, réduite à sa représentation en coupe et en plan, s'appuyait sur ce consensus que la chose en soi était la masse construite, celle qu'on pouvait définir, disséquer et représenter graphiquement. La présence matérielle et spatiale qui se dégageait de la coupe était tenue pour authentique, son expression était par nature " exacte ", et apparaissait donc comme éthique. De même pour la ville, qui se définissait selon l'ordonnancement forme/fond, (figure/ground). L'architecture comme l'urbanisme s'appuyait sur cette lecture pour déterminer les proportions et les séquences spatiales. L'espace intercalaire, abondamment produit par cette vision, était quant à lui conceptuellement inexistant. Les quelques tentatives des situationnistes et, par exemple, de Team X, de considérer ces espaces comme un " définissant " important de l'espace architectural, n'eurent que très peu d'effet. Depuis les années 1990, la conception architecturale a changé. On peut la rapprocher d'une citation d'Adolphe Loos, en 1889, qui conteste la seule présence matérielle de l'espace architectural. " Le véritable architecte éprouve en premier lieu le sentiment de l'effet qu'il veut produire, puis il devine les espaces qu'il lui faudra créer. L'effet qu'il veut produire sur le spectateur (...) découlera du matériau et de sa forme. " Lui-même reformulait ce que Semper énonçait quarante ans plus tôt. Semper considérait qu'en temps que mythe fondateur de l'architecture, une simple surface tissée ou nouée capable de prodiguer de l'ombre et de délimiter la propriété, était conceptuellement satisfaisante. Aujourd'hui, suite aux derniers développements technologiques, la construction d'un mur ne se justifie plus par de simples raisons climatiques ou sécuritaires. Les systèmes de chauffage et d'alarme suffisent à assurer ces fonctions indépendamment de tout mur ! Maintenant ces surfaces sont modélisées par l'ordinateur pour définir les espaces, et la mappe ainsi tissé permet de plaquer n'importe quel " tapis ", plus ou moins matériel. La surface, en temps que principe structurel de l'architecture, à supplanté le bâti, bien au delà du décoratif, vers ce que certains ont déjà nommé " décoractif " A l'idéologie de " la forme suit la fonction ", on peut maintenant y opposer " la fonction suit la forme "
Forme (Formalisme-Fonctionnalisme)
Voir aussi :
[./calculpag.html]
[./ordinateurpag.html]
Architectures Non Standard, Centre Pompidou, 2003. Lien web : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gottfried_Semper http://www.payot-rivages.fr/asp/fiche.asp?id=3375
[./indexpag.html]
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